Vouglans : 3 jours, 2 filles et 1 lac !

Cathie BURGARTGalerie de Photos

J’avais gardé en mémoire les eaux vertes et turquoise de ce magnifique lac jurassien découvert l’été 2021 après un mois de juillet particulièrement pluvieux, un lac bien rempli et des cascades plus magnifiques les unes que les autres…

Quelle n’est pas ma surprise ce vendredi 29 avril 2023 de découvrir un liseré de berges claires et rocailleuses séparant la verdure des forêts et prés des eaux sombres du lac. Les locaux me confirment que le niveau a baissé d’une bonne dizaine de mètres mais qu’il était encore plus bas il y a quelques mois (effectivement une rapide recherche d’informations me confirme qu’en février le lac atteignait 410 mètres NGF /nivellement général de la France, soit 18 mètres de moins que sa côte nominale de 428 mètres. Les raisons mixent un manque de précipitations hivernales sur la Franche-Comté, des nappes phréatiques qui ne se rechargent pas et l’utilisation du réservoir d’eau pour les turbines des centrales EDF.
Je retrouve pourtant avec grand plaisir cet environnement sauvage qui appelle à l’exploration. J’ai entrainé Meg dans la découverte, le temps d’un rapide pique-nique au Port de la Saisse, nous descendons les bateaux de la voiture, chargeons nos affaires pour nos 3 jours d’expédition et démarrons l’aventure sous un ciel peu engageant. Il retiendra pourtant la pluie pour quelques heures encore et nous aurons le temps de pagayer quelques km et de remonter la Cimante pour nous trouver un sympathique spot de bivouac au bord de la rivière. Les tentes sont montées au “coucher du soleil” (deviné à travers les nuages ;-).

Diner rapide tiré du sac et coucher avec les poules 😉 Les éclairs et les grondements de tonnerre nous réveilleront en milieu de nuit. J’ai bien l’impression que nous étions au cœur de l’action, pile en dessous des flashs… nous avons fini par nous endormir et avons émergé vers 8h sous la pluie qui n’avait pas arrêté de tomber. Rapide petit déj chacune dans sa tente, remballage de nos affaires dans les bateaux et démontage des tentes dégoulinantes… je me suis souvenu de la réponse d’un coéquipier lors de ma toute première randonnée en 2016 : “on range la tente mouillée dans un sac étanche pour ne pas mouiller toutes ses autres affaires”…
Le ciel est très très bas, nous rejoignons la plage du Surchauffant sous les averses. Ici aussi le paysage a bien changé, la plage est 3 fois plus large que lors de mon dernier passage. Nous espérions des toilettes, pas de chance, tout est fermé à clé. Nous repartons donc sur une eau calme car “bizarrement” aucun engin motorisé ne circule aujourd’hui en zone B pourtant dédiée au motonautisme ;-).
Le temps d’arriver au port de la Mercantine la pluie s’est arrêtée, nous pique-niquons sous un ciel clair. Sur la suite du trajet, de belles cascades surgissent de tout côté, le niveau du lac plus bas révèle des eaux de résurgence qui s’écoulent à présent sur les rochers alors qu’avant elles s’infiltraient dans le lac en souterrain. Soleil et ciel bleu rempli de beaux nuages nous offrent de splendides réverbérations. Nous verrons de nos kayaks, le clocher des vestiges reconstruits de la Chartreuse.
Puis c’est l’arrivée à la cascade de la Pèle qui se déverse fougueusement dans le lac. Après avoir tourné de part et d’autre sous la cascade, nous en être mis plein les yeux et les oreilles, nous décidons de prendre le chemin du retour sans pousser jusqu’au barrage. Nous identifions quelques beaux endroits de bivouac, la baisse du niveau a dégagé de nouveaux terrains, mais nous préférons poursuivre la navigation pour réduire le trajet à faire le lendemain. Nous croisons quelques voiliers à la Mercantine avant d’arriver au niveau de Bellecin, optons d’abord pour la plage rive droite (dans le sens du courant, mais en fait à notre gauche vu que nous remontons). Nos tentes détrempées ont besoin de soleil, il est presque 18h et l’ombre des sommets plonge déjà cette rive dans l’ombre. Nous retraversons donc pour rejoindre l’autre côté et arrivons à une magnifique petite crique après la “sirène” de Vouglans. Nous y établirons notre 2e camp, les tentes profiteront du vent et des derniers rayons du soleil pour sécher.

Une nuit qu’on n’a pas senti passer si ce n’est qu’elle fut très froide, nous nous réveillerons vers 9h30. Petit déj tranquille, rechargement sans rangement soigné, pas besoin de se compliquer la vie, d’une part, les victuailles mangées font de la place dans les bateaux et d’autre part, notre prochaine halte sera le parking où nos affaires seront balancées dans la voiture. Nous longeons ensuite tranquillement la rive gauche pour remonter, encore quelques belles cascades, un peu plus d’animation que la veille, quelques kayakistes et avirons à Bellecin, quelques voiliers, quelques engins motorisés au Pont de la Pile, beaucoup de promeneurs et aussi des pêcheurs sur l’eau ou sur les berges. Pendant notre périple, nous aurons l’immense chance de voir deux chamois du Jura sortir des bois pour mâchouiller quelques feuilles tendres. Aucun autre animal ne se laissera apercevoir, si ce n’est quelques poissons dont certains sautant hors de l’eau. Quelques oiseaux aussi : corneilles, mouettes, cormorans et milans, des concerts de multiples passereaux, un pic et un coucou entendus au loin. Nous arriverons au port de la Saisse vers 14h, pique-nique, chargement et c’est reparti pour 5h de route pour rentrer, des étoiles pleins les yeux, des souvenirs pleins la tête et le cœur et l’envie de faire découvrir ce petit coin de paradis à d’autres amis (en tout petit comité bien sûr pour préserver la magie du lieu).
J’espère de tout cœur des précipitations et un enneigement suffisant pour alimenter longtemps encore les lacs de cette belle région.